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5 conseils pour devenir un arbitre d’exception

Au Québec, l’arbitrage est la fonction qui se rapproche le plus de celle d’un juge. Être nommé arbitre, c’est exercer un rôle de confiance : celui de rendre des sentences exécutoires et sans appel. Il s’agit d’une responsabilité importante, qui appelle au jugement, à l’intégrité, à l’écoute et au discernement.


Ces qualités fondamentales ne s’improvisent pas. Elles s’entretiennent et se développent dans une démarche continue de formation et de perfectionnement professionnel.


Voici donc cinq conseils concrets pour travailler à devenir un arbitre d’exception, que j’applique moi-même depuis quelques années.

 


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1.      Assister à des auditions

Observer lors d’un procès ou d’un arbitrage est l’un des moyens les plus simples et efficaces d’apprendre. Il n’y a pas de raccourci : plus on en voit, plus on développe sa capacité d’analyse et de discernement. L’idéal est d’être un observateur actif en prenant des notes durant l’audition, ce qui permet de demeurer attentif au processus. Dès qu’un principe de droit avec lequel vous êtes moins familier est abordé, notez-le afin d’aller lire sur le sujet par la suite.

 

À la fin de l’audience, n’hésitez pas à approcher le juge (ou l’arbitre) pour lui poser quelques questions. Interrogez-le sur ses interventions, sur les décisions rendues en cours d’instance, notamment concernant les objections. La plupart accepteront volontiers d’échanger quelques minutes, surtout si vous arrivez bien préparé.

 

2.      Rédigez des jugements

Il n’existe pas de meilleur entraînement pour un arbitre que celui de rédiger soi-même un jugement. Avant d’assister à une audition, demandez le dossier physique au greffe et prenez copie des pièces. Une fois l’audition terminée, tentez de rédiger le jugement, comme si vous étiez l’arbitre au dossier.

 

Cet exercice est extrêmement formateur : il vous habitue à structurer votre pensée, articuler vos motifs et rédiger dans un langage clair et accessible. En effet, souvenez-vous que le jugement est d’abord écrit pour les parties : il doit être compréhensible et cohérent.

 

Une fois le jugement officiel rendu par le juge (ou l’arbitre), prenez le temps de le lire et comparez-le avec le vôtre. Vos motifs sont-ils bien structurés? Le raisonnement est-il fluide? L’ensemble est-il intelligible pour un justiciable non juriste?

 

Pour approfondir vos compétences en rédaction judiciaire, je recommande deux ouvrages incontournables :

-           La rédaction des motifs, par Edward Berry et Jean-Claude Gémar

-           Écrire la décision – Guide pratique de rédaction judiciaire, par la juge Louise Mailhot


Encore une fois, n’hésitez pas à rencontrer le juge pour échanger sur son raisonnement juridique ou ses stratégies rédactionnelles. Les juges prennent généralement plaisir à mentorer les juristes qui démontrent de l’humilité et une volonté sincère d’apprendre.

 

3.      Maintenez vos connaissances à jour

Le droit étant en constante évolution, il est primordial de se tenir à jour sur les développements récents. Le juriste doit continuellement s’adapter aux changements législatifs et jurisprudentiels.

 

Abonnez-vous à des bulletins juridiques comme ceux de SOQUIJ, lisez les décisions clés et participez à des formations continues. Une excellente façon de rester à l’affût consiste à s’impliquer dans sa communauté professionnelle : Barreau de section, comités de liaison avec la magistrature, conférences, etc. Ces positions vous permettront d’être un acteur central dans le processus décisionnel, de donner une voix aux membres de votre section et de faire le pont entre eux et les différentes instituions pour la communication adéquate de l’information.

 

4.      Développez votre réseau

Dans le domaine de l’arbitrage, les mandats sont rarement obtenus par hasard. Ils sont souvent confiés à des professionnels reconnus, recommandés ou rencontrés dans des contextes de réseautage. D’où l’importance d’un réseau professionnel actif.

 

Plusieurs regroupements offrent des lieux d’échange, de partage d’expérience et d’entraide : pensons notamment à l’Institut de médiation et d’arbitrage du Québec (IMAQ) ou aux chambres de commerce. Si aucun groupe n’existe dans votre région, pourquoi ne pas prendre l’initiative d’en créer un? Invitez quelques collègues que vous trouvez inspirants à se réunir périodiquement pour discuter de dossiers, d’enjeux ou d’actualités en arbitrage.

 

Enfin, n’hésitez pas à solliciter un arbitre d’expérience pour des rencontres ponctuelles ou un mentorat. Surtout, arrivez toujours bien préparé. Le respect de leur temps est une marque de professionnalisme et une preuve que vous prenez cet engagement au sérieux.

 

5.      Développez votre savoir être

L’excellence en arbitrage repose aussi sur les qualités humaines de l’arbitre : écoute, neutralité, maîtrise de soi, capacité à désamorcer les tensions et à instaurer un climat de confiance et de respect mutuel.

 

C’est pourquoi je recommande fortement de consacrer du temps à son propre développement personnel. La lecture d’ouvrages sur l’intelligence émotionnelle, la psychologie du conflit ou la communication non violente est une excellente façon d’y parvenir. S’impliquer auprès de communautés vulnérables permet aussi de mieux comprendre les réalités vécues par certains justiciables marginalisés.


En conclusion, ces cinq conseils peuvent sembler ambitieux, surtout si vous débutez. Ne voyez donc pas ce parcours comme une course, mais plutôt comme un engagement à long terme. Commencez modestement, à votre rythme : deux heures par mois peuvent suffire à initier une réelle progression dans votre apprentissage. L’excellence n’est pas un objectif final en soi, mais un processus sur lequel on travaille en continu, toute notre vie. L’important, c’est de commencer.

 
 
 

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