top of page

La médiation : est-ce vraiment pour tous les dossiers?

Il existe deux écoles de pensée quant à la médiation. Pour certains, tous les dossiers peuvent y être traités, sans restriction. Pour d’autres, au contraire, la médiation n’est pas toujours le médium approprié, et le procès devrait être privilégié.


Je suis la première à souligner les nombreux bénéfices de la médiation. Elle permet le dialogue ouvert entre les parties, la satisfaction d’obtenir une entente sur mesure. C’est un processus plus rapide, moins coûteux, et qui favorise la réparation des relations entre les parties. Ces avantages ne sont pas à dédaigner.


Toutefois, il m'apparaît évident que tous les dossiers ne se prêtent pas à la médiation. Outre les cas flagrants d’abus ou de violence, je pense notamment à ceux où le préjudice subi a été si intense et traumatisant que les deux parties – tant la partie demanderesse que la partie défenderesse – ressentent le besoin profond d’être entendues par un juge pour que celui-ci se prononce.


ree

Le pouvoir réparateur d’un procès

On sous-estime le pouvoir réparateur que peut offrir un procès. Pour certaines parties, il ne s’agit pas seulement d’obtenir compensation, mais de voir leur version des faits validée par un tribunal compétent. Une décision judiciaire peut ainsi leur apporter, sinon réparation, du moins une clarification sur leur expérience vécue.


C’est ici que le procès ou l'arbitrage jouent un rôle crucial, non seulement pour l'application du droit, mais également pour une forme de reconnaissance morale et sociale.


En entendant les parties, en pesant la preuve et en rendant une décision, le tribunal applique non seulement la loi, mais répond à un besoin fondamental de justice.


Un exemple éloquent

Je me souviens d’un dossier en particulier où des parents poursuivaient un médecin et un hôpital pour faute professionnelle. Selon eux, les agissements fautifs du médecin et de l’établissement de santé avaient conduit au décès de leur enfant à naître, alors à sept mois de gestation.


Dans un tel contexte, la médiation atteint vite ses limites. Comment mettre un prix sur la vie d’un enfant? Une telle question ne se prête pas à une négociation franche et ouverte, essentielle à la conclusion d’une entente amiable.


Les parents ne veulent pas entrer dans un processus de marchandage; ils souhaitent plutôt que leur deuil soit reconnu par une autorité compétente. Quant au médecin, il a un profond besoin d’être entendu et, si aucune faute n’a été commise, d’être exonéré de toute responsabilité par un jugement en ce sens. Ce besoin de validation judiciaire ne peut être pleinement satisfait dans un processus de médiation. Une entente amiable n’aurait pas permis aux parties de leur offrir un sentiment de clôture, mais leur aurait probablement laissé un goût amer.


La complémentarité des modes de résolution

Si la médiation favorise l’écoute et la collaboration, le procès demeure quant à lui essentiel dans les cas où une reconnaissance judiciaire est requise. Ces deux mécanismes ne doivent pas s’opposer, mais plutôt se compléter. Dès le départ, les besoins des parties doivent être identifiés afin d’orienter le dossier vers le mode de résolution le plus approprié. Certains critères peuvent guider cette décision :

  • La gravité émotionnelle ou psychologique du dossier;

  • L’importance d’une reconnaissance publique des faits;

  • Le besoin de préserver ou de restaurer une relation entre les parties;

  • La volonté ou non des parties d’explorer des compromis.


Chaque dossier est unique, et c’est en comprenant les besoins des parties que nous pouvons choisir le processus le plus adapté pour leur offrir une expérience qui soit juste, humaine et respectueuse.

 

 
 
 

Commentaires


bottom of page